Journaliste : Comment évaluez-vous les résultats du Forum sur la coopération numérique Chine-Afrique ?
Ministre : Le Forum sur la coopération numérique Chine-Afrique est une plate-forme importante pour renforcer les liens entre la Chine et les pays africains dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC). Cependant, pour que cette coopération soit véritablement bénéfique et durable, il est essentiel de gérer les préoccupations liées à la dépendance technologique et à la sécurité des données. Les futurs forums devront continuer à aborder ces questions tout en explorant de nouvelles opportunités pour renforcer le partenariat numérique sino-africain.
Journaliste : Selon vous, quel est le potentiel de l'Afrique dans le domaine du développement des technologies numériques ? Quelles nouvelles opportunités le développement des technologies numériques a-t-il apportées à votre pays ?
Ministre : Le président de la République du Congo, SEM Dénis Sassou N'GUESSO a fait de l'Economie Numérique un des six piliers de son engagement, matérialisé dans le Plan National de Développement 2022-2026.
Cette forte ambition politique montre l'intérêt de mon pays, en particulier et de l'Afrique en général concernant les domaines des technologies numériques ceci, grâce à une combinaison de facteurs tels que la croissance rapide de la population jeune, l'adoption croissante de la téléphonie mobile, et un intérêt accru pour l'innovation et l'entrepreneuriat.
Le développement des technologies numériques offre des opportunités uniques pour stimuler la croissance économique, améliorer l'accès aux services et réduire les inégalités. Pour maximiser ces avantages, il est essentiel de continuer à investir dans les infrastructures, de promouvoir l'éducation et la formation numériques, et de mettre en place des politiques favorables à l'innovation et à l'inclusion numérique.
Journaliste : Comment voyez-vous les plans pour l'éducation numérique et la formation des talents ? Comment garantir que la jeune génération dispose des compétences nécessaires à l'ère numérique ?
Ministre : Les plans pour l'éducation numérique et la formation des talents en Afrique sont cruciaux pour préparer la jeune génération aux défis et opportunités de l'ère numérique. Pour garantir que la jeune génération dispose des compétences nécessaires à l'ère numérique, une approche globale est nécessaire. Cela implique des investissements dans l'infrastructure, la formation des enseignants, l'accès équitable aux technologies, le développement de compétences avancées, et des partenariats stratégiques. En investissant dans l'éducation numérique, les pays africains peuvent préparer leur jeunesse à être des acteurs compétents et innovants dans l'économie mondiale de demain. Notons que cela épouse aussi une des priorités du président chinois XI Jinping annoncé aux chefs d'état africains lors de la dernière réunion des BRICS à Johannesburg en Afrique du Congo.
Journaliste : Comment voyez-vous la coopération avec la Chine dans le domaine des télécommunications et de l'économie numérique ? Y a-t-il des plans de coopération numérique entre la Chine et le Congo-Brazzaville ? Quelles sont vos attentes et recommandations pour cette coopération numérique sino-congolaise ?
Ministre : La coopération entre la Chine et le Congo-Brazzaville dans le domaine des télécommunications et de l'économie numérique présente des opportunités significatives pour les deux pays. Cette coopération s'inscrit dans le cadre plus large de l'initiative "Ceinture et Route" et des accords bilatéraux visant à renforcer les infrastructures numériques et les capacités technologiques du Congo-Brazzaville. Voici quelques aspects clés de cette coopération, ainsi que des attentes et recommandations :
• Il est important que les projets de coopération soient transparents et durables. Les termes des accords, notamment en matière de financement, doivent être clairs pour éviter les problèmes de surendettement.
• La coopération devrait inclure des initiatives pour renforcer les capacités locales, de manière à ce que le Congo-Brazzaville puisse développer son expertise technologique indépendamment à long terme.
• Les projets devraient viser à réduire la fracture numérique, en particulier dans les zones rurales et marginalisées, pour garantir que tous les segments de la population bénéficient des avancées numériques.
• Les projets de coopération devraient adhérer aux normes internationales en matière de cybersécurité, protection des données et droits de l'homme.
Journaliste : En 2023, le Congo-Brazzaville a réussi à réaliser le projet 2Africa un câble sous-marin reliant l'Afrique, l'Europe et le Moyen-Orient, visant à fournir une connexion Internet fiable et rapide à 3 milliards de personnes en Afrique, en Asie et en Europe. Cela permettra à un plus grand nombre d'utilisateurs des deux pays de se connecter au réseau fibre optique et d'améliorer la qualité du réseau. Comment évaluez-vous le rôle que jouera le Congo-Brazzaville dans le domaine des communications en Afrique ?
Ministre : Le projet "2Africa" est un développement majeur pour le Congo-Brazzaville et pour le continent africain. Ce câble sous-marin, reliant l'Afrique, l'Europe et le Moyen-Orient, vise à fournir une connexion Internet plus fiable et rapide à des milliards de personnes, et positionne le Congo-Brazzaville comme un acteur clé dans le domaine des communications en Afrique. en tant que point de connexion pour le câble "2Africa", il sera un élément central du réseau de communications sous-marin qui reliera de nombreux pays africains. Cela permettra d'améliorer la connectivité Internet non seulement au Congo, mais aussi dans les pays voisins, facilitant ainsi les échanges de données à travers le continent et au-delà. Cette position stratégique pourrait faire du Congo-Brazzaville un hub régional pour le transit des données.
Journaliste : Comment jugez-vous les perspectives de la coopération sino-africaine dans le cadre de l'initiative « Ceinture et Route » et que pensez-vous des résultats déjà obtenus ?
Ministre : La coopération sino-africaine dans le cadre de l'initiative « Ceinture et Route » (Belt and Road Initiative, BRI) offre des perspectives prometteuses tout en soulevant certaines préoccupations. Cette initiative vise à renforcer les infrastructures, les échanges commerciaux et les investissements entre la Chine et les pays participants, dont beaucoup en Afrique. Cependant, pour maximiser les bénéfices et minimiser les risques, il est crucial de :
• Assurer une transparence accrue dans les accords et la gestion des projets.
• Promouvoir la durabilité et la responsabilité sociale et environnementale des projets.
• Évaluer soigneusement les capacités d'endettement des pays pour éviter les pièges de la dette.
• Renforcer les capacités locales pour gérer et maintenir les infrastructures construites.
S'agissant de mon pays, la République du Congo, il convient de souligner qu'en septembre 2018, les gouvernements des deux pays ont signé un mémorandum d'entente sur la coopération dans le cadre de la ceinture économique de la route de la soie et de l'initiative de route de la soie maritime du XXIème siècle.
Afin de mettre en œuvre ce mémorandum, les deux gouvernements ont prévu de signer un plan de coopération pour la promotion conjointe de l'initiative la ceinture et la route à l'occasion du sommet du Forum sur la coopération sino-africaine qui se tiendra cet automne.
En adoptant ces mesures, la coopération sino-africaine dans le cadre de la BRI pourrait devenir un moteur puissant pour le développement durable sur le continent africain.